Croyances et religions kassena

  Avant l’arrivée des grandes  religions dites révélées en Afrique, à savoir le christianisme et l’islam, les peuples avaient déjà leurs croyances qui peuvent être considérées comme des trésors culturels. Les kassena ont su garder leurs richesses ancestrales, en termes d’us religieux, malgré le syncrétisme entre leurs croyances  et celles des nouvelles religions. Faisons une immersion dans les croyances et religions kassena. 


La culture kassena est indissociablement liée aux croyances religieuses. Pour les kassena, Wè ou Banga-wè, le dieu-ciel a créé le monde avec tout ce qu’il contient. Il a donné aux humains tout ce qui est nécessaire à leur bonheur et leur a imposé de respecter certaines coutumes. La terre ou le dieu-terre est son épouse. Dieu ne peut être atteint que par les intermédiaires qui sont des ancêtres, des divinités, des forces occultes et des esprits. Les kassena croient aussi à une vie dans l’au-delà, à la présence des morts parmi les vivants et à la possibilité de réincarnation. Pour se protéger des forces invisibles et gagner leurs faveurs, des autels sont érigés et confiés à des esprits car ce sont les intermédiaires entre les vivants et les forces invisibles. Sur ces autels, sont immolés des animaux pour communier, invoquer ou implorer le pardon  en cas d’offense ou de malheur. Il faut noter que la position du poulet après le sacrifice joue un rôle important dans l’interprétation du message divin. Les sacrifices réussis sont ceux pendant lesquels le poulet tombe trois fois sur le dos. Si ce n’est pas le cas, des consultations supplémentaires sont requises. En sus, les offrandes peuvent comprendre des produits de consommation tels la bière de mil, l’eau de farine de mil ou la noix de cola. Deux personnes s’occupent des sacrifices à savoir le maître de terre et le maître du lieu sacré. Ce dernier, est une divinité terrestre pouvant être un petit bois sacré, un marigot, une colline, un arbre etc. 
 Selon les kassena, autrefois, les hommes vivaient en paix. La faim, la soif, la maladie et la mort n’existaient pas. Dieu se trouvait à portée de main au-dessus des hommes. Ils n’avaient qu’à tendre la main pour se servir de ses grâces, comme on coupe de la viande, selon leurs désirs. Un jour, une vieille femme pilait du mil. Elle lança son pilon vers les cieux et frappa Dieu en lui proférant des paroles méchantes : « Retire-toi, va-t’en pour que je puisse piler mon mil » vociféra-t-elle. 


Dieu s’éleva et aucune main ne put plus l’atteindre. Ce mythe nous présente donc  un monde originel parfait, mais la faute de cette vieille femme entraine les malheurs tels la faim, les maladies,  la souffrance et finalement la mort dans le monde. Telle est la croyance kassena relative à l’avènement du bien et du mal dans le monde.
Toutefois, en raison du syncrétisme qui s’est développé, l’adoption d’une nouvelle religion et donc de nouvelles croyances et de nouveaux us est tolérée et n’empêche pas les membres d’une famille ou cour d’assurer leurs rôles dans la société traditionnelle kassena. 
Cependant, toute personne ayant le sentiment que sa religion est incompatible aux pratiques ancestrales, peut quitter la cour et s’installer ailleurs. Son rôle  sera alors occupé et il sera remplacé par un autre membre de sa famille.

                               Sadongo Laéticia

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