Instruments traditionnels de musique : le bendré

La musique a toujours occupée une place importante dans la société africaine. Associée à divers instruments, elle participe à l’expression culturelle et sert de support de communication avec le sacré ou les hommes. Parmi ces multiples instruments de musique, il y a le bendré ou bendéré.

Le bendré est un instrument traditionnel de musique que l’on retrouve sous diverses appellations et selon les communautés. Il est appelé : « bara » chez les Dioulas, Malinkés ou Bambaras ; « bendéré » chez les Mossis ou encore « kwo » chez les Birifor et les Lobi (Burkina Faso). Issus de la famille des tambours, sa forme est immuable et est composée d’une grosse calebasse dont seulement une partie en haut est coupée et fermer d'une peau de mouton ou de chèvre maintenue par des cordelettes de cuir à un anneau métallique placé sous l'instrument.

Le bendré

Utilisé autrefois chez les Bissa, Gourounsi et d’autres ethnies du Centre-Est et de l’Est à diverses cérémonies telles les funérailles, baptêmes, mariage… cet instrument est toujours utilisé dans la société burkinabè malgré la mondialisation et le changement de mode de vie des populations.

Ses origines restent méconnues par la nouvelle génération. Pour la petite histoire, le bendré date du XIIIe siècle, au règne du Naaba Oubri, petit-fils de Ouédraogo et fondateur de Ouagadougou. L’instrument appartenait à un génie. Lorsque Oubri quitta Tenkodogo pour conquérir Ouagadougou avec sa troupe, ils firent une halte de plusieurs jours près d'un bosquet pour se reposer. Chaque jour à la même heure, le son d'un tambour se faisait entendre dans ce bosquet. Intrigué par ce son, le roi Oubri fit encercler le bosquet par sa troupe qui découvrit à l'intérieur des fourrés, un génie qui jouait du tambour. Le génie prit peur et s'enfuit en laissant le tambour. Un guerrier s'empara de l'instrument et revendiqua sa trouvaille : "C'est moi qui l'ai trouvé", "C'est moi qui ai vu", C'est ainsi qu'on a surnommé "Yintga", l'ancêtre des Benda qui acquit dans le bosquet une connaissance de l'instrument et son aspect sacré. Yintga appela le tambour "bendré", encouragé par Oubri qui se sentait galvanisé par le son de l'instrument.

Dans la grande famille moaga, le bendré est l’instrument sacré par excellence et affilié au chef (Naaba). Il rythme les actes officiels et ses battements annoncent de grandes nouvelles et des manifestations exceptionnelles telles les intronisations, funérailles d'un roi, déplacements d’un roi etc. Ce journaliste des temps passés servait à galvaniser en temps de peur, d’inquiétude, d’incertitude et de donner des informations sur le contexte économique, social, politique et culturel dans la société. 

Les Benda et Yumba sont dépositaires de cet instrument. Ce sont les musiciens au service de la royauté et l’organe d’information officiel chez les Mossis. Leur rôle est important dans la mesure qu’il n’y a pas de chefferie sans bendré. Le langage du bendré est donc un savoir transmis de père en fils et mérite d’être promut. 

          

                             Sadongo Laéticia

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